Zoom sur la bouse de corne – Résultats de recherches

Publié le 31/08/2022

L’utilisation des préparations biodynamiques est une des spécificités de la biodynamie. Elles sont composées de plantes médicinales, de minéraux et de matières organiques, et ont pour objectif de revitaliser les sols et renforcer les cultures pour la production d’aliments de qualité. Chacune des huit préparations tient un rôle particulier dans le développement des sols, des plantes et des animaux. À ce titre, elles font l’objet de nombreux travaux de recherche visant à caractériser leurs effets et mieux comprendre leurs modes d’action. Zoom sur la bouse de corne et les principaux résultats publiés dans les revues scientifiques académiques.

Propriétés de la bouse de corne

La bouse de corne, préparation essentielle en biodynamie, est élaborée en introduisant de la bouse de vache dans une corne d’une vache qui a vêlé au moins une fois. Bien évidemment, aucun animal n’est tué pour l’élaboration des préparations, ni même écorné (interdit par le cahier des charges Demeter). Les cornes sont récupérées sur des animaux abattus à d’autres fins. La corne remplie est ensuite enterrée de l’équinoxe d’automne à l’équinoxe de printemps. A sa sortie de terre, la bouse introduite dans la corne est totalement métamorphosée, elle n’a plus d’odeur et présente une forte activité biologique. La bouse de corne ainsi obtenue est ensuite diluée (compter 100 grammes dans 30 à 35 litres d’eau pour un hectare) dans de l’eau et brassée, ou plus exactement « dynamisée » (principe de l’homéopathie) manuellement ou à l’aide d’un dynamiseur. Elle est pulvérisée au printemps sur terre réchauffée et/ou à l’automne sur terre encore chaude. La 500 joue un rôle particulier, notamment sur  la fertilité et la biodiversité des sols :

  • Elle est un puissant édificateur de la structure du sol
  • Elle favorise l’activité microbienne et la formation d’humus
  • Elle régule le pH du sol en accroissant celui des sols acides et en atténuant celui des sols alcalins
  • Elle stimule la germination des graines, la croissance générale du système racinaire et particulièrement son développement vertical vers la profondeur
  • Elle accroît le développement des légumineuses et la formation de leurs nodosités
  • Elle aide à la dissolution des formations minérales dans les sols, même en profondeur (alios), et peut aider à lutter contre les phénomènes de salinisation¹

Le cahier des charges Demeter impose l’application d’au moins une bouse de corne par an.

Analyses au microscope

En 2013, une équipe de chercheurs italiens a analysé la composition microbiologique de la bouse de corne. Elle révèle que la composition de la 500 est  similaire à celle des différents composts et fumiers utilisés en agriculture. Elle montre aussi un degré d’humification plus faible, lui conférant une activité biologique supérieure. Les recherches ont également mis en exergue la présence de plusieurs molécules agissant comme des hormones végétales de type auxine, participant au développement des différentes parties de la plante, ainsi que dans sa ramification. 

Une autre étude de ce groupe de scientifiques à chercher à savoir ce qu’il se passe dans la bouse lorsqu’elle séjourne dans la corne pendant l’hiver. Alors que dans la bouse fraîche les champignons sont dominants par rapport aux bactéries, les résultats d’analyses montrent qu’au bout de 85 jours de maturation dans la corne, le rapport se stabilise. Au bout de 150 jours de maturation, le rapport entre bactéries et champignons se rapproche de celui du sol. 

Évolution des populations bactériennes et fongiques de la bouse de corne au fil de la maturation

Parmi les champignons présents dans la bouse de vache, on retrouve principalement les onygenales, connus pour leur capacité à dégrader la kératine. Lorsque la bouse est placée dans la corne, ils sont directement en contact avec la kératine de la corne. Ils se développent abondamment en digérant cette protéine riche en soufre et libèrent dans la bouse des nutriments soufrés importants pour le métabolisme des microorganismes et la vie du sol.

Les résultats d’une étude menée par des chercheurs américains confirment l’importance et le rôle de la corne de vache dans l’élaboration de la préparation 500. 

Ils ont comparé la fermentation de la bouse de vache dans différents “récipients” : une corne de vache, une corne de taureau et un pot en verre. Le procédé a été le même : remplir le contenant de bouse de vache fraîche et l’enterrer pendant 6 mois. Les résultats sont les mêmes pour les cornes de taureaux et de vaches, à quelques exceptions près (transformation inachevée dans certaines cornes de taureaux). Des différences ont cependant été remarquées avec les pots en verre. Tout d’abord, l’aspect de la bouse diffère : couleur noire, odeur de sous-bois et texture colloïdale dans les cornes, odeur neutre et substance fibreuse dans les pots. L’analyse chimique montre que la teneur en azote dans la bouse de corne (2.2%), est supérieure à celle relevée dans les pots en verre (1.8%). Aucune perte en matière azotée n’a été relevée lors de la fermentation dans les cornes, alors que dans les pots en verre, les pertes s’élèvent à 37%. La teneur en carbone est identique dans les différents contenants : 35%. La fermentation au sein de la corne conduit donc à une perte de carbone sans perte d’azote.

Une équipe de chercheurs espagnols et américains s’est également intéressée à l’influence de la bouse de corne sur le réseau fongique du sol. Ils ont analysé les microorganismes provenant de 350 échantillons de sols de vignobles aux États-Unis et en Espagne sur différents modes de culture (conventionnel, biologique, biodynamique). 

Les résultats diffèrent selon le mode de culture (voir graphique ci-dessous). En effet, les communautés fongiques adoptent un comportement différent selon que le sol soit géré en conventionnel, en bio ou en biodynamie. Dans les sols gérés en biodynamie, les communautés fongiques coopèrent, et adoptent un comportement proche de celui des environnements sauvages. 

Organisation spécifique des communautés fongiques dans les sols selon les modes de culture

Analyses effectuées sur les microorganismes provenant de 350 échantillons prélevés dans des sols de vignobles aux États-Unis et en Espagne.

Ces différentes études scientifiques révèlent des résultats très intéressants concernant les propriétés physiques et microbiologiques de la bouse de corne, ainsi que sur ses effets sur le sol et la physiologie de la plante. De plus amples recherches restent à mener et à approfondir pour mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre.

Cet article est basé sur l’article “La bouse de corne au microscope” rédigé par Martin Quantin, ingénieur agronome et coordinateur de l’association Biodynamie Recherche. Pour en savoir plus : https://biodynamie-recherche.org/la-bouse-de-corne-sous-le-microscope/ 

¹https://www.biodynamie-services.fr/preparations-biodynamiques/bouse-corne-500.php


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