Phosphonates en agriculture Biologique : la position de Demeter France

Publié le 5/06/2025

Les phosphonates : des substances incompatibles avec les principes de l’agriculture biologique 

L’association Demeter France réaffirme sa ferme opposition à l’autorisation des phosphonates dans le cahier des charges de l’agriculture biologique. Cette position s’inscrit dans la continuité d’une vision cohérente et exigeante de l’agriculture biologique : exclure les produits de synthèse, même ceux présentés comme “à faible impact”. 

Qu’est-ce que les phosphonates ? 

Les phosphonates sont des molécules de synthèse dotées d’un effet fongicide systémique. Elles sont proposées comme alternative au cuivre pour lutter contre des maladies cryptogamiques comme le mildiou. Si certains arguent que les phosphonates sont présents dans la nature, il est nécessaire de rappeler que ce n’est qu’à l’état de traces dans certains sols, sans effet fongicide. 

Le métabolite principal des phosphonates de synthèse est donc  l’acide phosphonique, qui est identique à celui issu du Fosétyl-Al, un produit interdit en bio. Cela rend tout contrôle basé sur les résidus pratiquement inopérant, menaçant la traçabilité et la transparence des produits bio. 

Les phosphonates de potassium ont été évalués à deux reprises par l’EGTOP (rapport final sur les produits phytopharmaceutiques II, 2014 et rapport EGTOP PPP V sur la réévaluation des phosphonates de potassium, 2020). Le modèle a été expertisé deux fois par le groupe d’experts est arrivé à chaque fois à la même conclusion : l’acceptation du phosphonate de potassium en tant que fongicide n’est pas conforme au Règlement sur l’agriculture biologique. Les principales raisons étant, entre autres, son origine synthétique, sa persistance dans les plantes et la présence de résidus.

Pourquoi Demeter défend le maintien du cuivre 

Le cuivre, bien que classé comme substance préoccupante, reste aujourd’hui un des rares outils compatibles avec l’agriculture biologique. Aujourd’hui les doses de traitement sont strictement encadrées par le cahier des charges de l’agriculture biologique. Une moyenne annuelle de 4 kg/ha sur 7 ans est permise en agriculture Biologiquie. C’est 3kg/ha en moyenne sur 7 ans pour un domaine labellisé Demeter. 

Cette étude menée par Novasol, avec la participation d’un chercheur de l’INRAE, a pour conclusion que la littérature scientifique ne permet pas de valider objectivement des effets écotoxicologiques du cuivre dans les conditions actuelles d’utilisation en vignes. Les résultats analysés montrent que le seuil de toxicité pour les nématodes, les plus sensibles aux effets du cuivre, sont observables à partir de 200 kg/ha/an. Un seuil bien au-delà de ceux mentionnés plus haut concernant l’encadrement des label Bio et Demeter. 

Ce n’est pas le cas des phosphonates, dont les impacts à long terme sur les sols et les écosystèmes restent encore méconnus. 

De plus, les phosphonates n’ont pas démontré une efficacité supérieure en situation de forte pression fongique. L’exemple de la viticulture conventionnelle bordelaise en 2024, marquée par de lourdes pertes malgré l’utilisation de ces produits, confirme leur efficacité relative

Une question de cohérence, de confiance et de responsabilité 

Pour Demeter France, autoriser les phosphonates reviendrait à trahir les fondements mêmes de l’agriculture biologique : respect de la vie du sol, refus des produits de synthèse, et priorité à la prévention et à l’observation. C’est aussi un enjeu de lisibilité pour les consommateurs, sensément attentifs à la transparence des pratiques agricoles. Introduire ce type de substance créerait une confusion nuisible à l’image du bio, voire à sa crédibilité à long terme. 

Un enjeu politique majeur 

Au-delà des considérations techniques, ce débat sur les phosphonates est éminemment politique. Il engage le modèle agricole que nous souhaitons promouvoir pour demain : un modèle fondé sur la sobriété en intrants, l’équilibre des écosystèmes, et la confiance des citoyens

Demeter France appelle donc à rejeter toute tentative d’introduction ou d’élargissement de l’usage des phosphonates dans les référentiels de l’agriculture biologique, afin de défendre une bio exigeante, cohérente, et respectueuse de ses principes fondateurs

Ce courrier adressé au commissaire européen en charge du dossier d’étude pour une introduction des phosphonates au cahier des charges de l’agriculture bio résume notre positionnement. 


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