Depuis novembre 2019, l’Association Demeter France a un nouveau président : Pierre Mainaud, polyculteur-éleveur dans l’Allier en Auvergne. Il succède à Frédéric Geschickt, viticulteur en Alsace. Rencontre avec cet éleveur engagé de longue date dans l’association.
Le parcours d’un éleveur engagé
Pierre s’installe il y a 10 ans sur la Ferme des Beguets, la ferme de son enfance. Actuellement, la ferme compte 200 hectares en polyculture-élevage, dont 180 hectares d’herbes et une vingtaine d’hectares en culture (blé, épeautre, petit épeautre, pois et avoine). Pierre élève deux races de vaches : de race Aubrac pour la production de veaux sous la mère et de race Highland Cattle pour la production de bœufs et de génisses de 4-5 ans. Afin de valoriser le son de la ferme, il compte également depuis peu des porcs à l’engraissement, ainsi qu’une quinzaine de ruches.
Les différentes variétés de blé produites sur la ferme sont broyées lentement et sans échauffement par un moulin Astrié. La farine est soit directement commercialisée, soit transformée en pains ou en pâtes. Les pains sont élaborés au levain naturel, pétris à la main et cuits au feu de bois par Christophe Moreau, l’associé de Pierre. Deux salariés à temps plein les épaulent également, l’un sur l’élevage, l’autre sur la transformation et la commercialisation des produits.
Sur la ferme on retrouve également une dynamique sociale très développée. Par exemple, la ferme des Beguets accueille chaque année depuis 7 ans, des stagiaires du Brevet Professionnel Responsable d’Entreprise Agricole (BPREA) en biodynamie, elle met aussi à disposition des locaux de transformation pour de jeunes entrepreneurs.
La Ferme des Beguets fait aussi partie d’un groupe régional pour l’élaboration des préparations biodynamiques.
De la ferme à l’engagement pour Demeter
Pierre adhère à l’association en 2010 et son degré d’implication l’amène à rejoindre le Conseil d’Administration en 2014 et le Comité de Direction en 2017, avec l’envie de remettre au centre des pratiques agricoles, la notion d’organisme agricole. Il est convaincu que seuls les organismes diversifiés et équilibrés seront capables de faire preuve de résilience et de palier aux aléas climatiques et leurs lots de maladies. Un autre espoir qui le guide dans ses choix, c’est sa volonté de continuer à construire une unité au sein de la biodynamie et de travailler main dans la main avec le Mouvement de l’Agriculture Bio-Dynamique. C’est également sa passion pour les aventures humaines qui le pousse à poursuivre son engagement au sein de l’association. « J’ai rencontré des gens passionnants qui essaient de trouver des solutions et qui m’ont donné envie de continuer. »
Les défis pour l’association
Avec plus de 10% de croissance par an ces dernières années, Demeter grandit vite et compte aujourd’hui près de 1000 adhérents en France. « Le danger lorsqu’on grandit vite, c’est d’oublier ses fondements » rappelle Pierre. Selon lui, le challenge de Demeter France réside dans sa capacité à réinventer la labellisation et à humaniser toujours davantage la façon dont sont effectués les contrôles des adhérents.
Crédits photo : Jérôme Genée Photographies