L’association Greenpeace France a publié une étude révélant la contamination d’aliments par l’hexane, un solvant issu de la pétrochimie. 56 produits ont été testés avec l’aide d’un laboratoire universitaire. Parmi eux, 36 contenaient des résidus d’hexane. Beurre, lait infantile et huiles végétales sont particulièrement concernés.
Le rapport complet constituant les fondements de cet article est disponible sur le site de Greenpeace France.

Comment un dérivé du pétrole se retrouve dans les aliments ?
L’hexane est un solvant pétrochimique utilisé dans la fabrication d’huile végétale. Après une première trituration mécanique, l’hexane permet d’extraire des restes de cette première presse des huiles et tourteaux supplémentaires.
Les huiles ainsi obtenues sont ensuite utilisables pour l’alimentation humaine. Quant aux tourteaux, ils servent à l’alimentation des animaux d’élevage.
Si des procédés sont mis en œuvre pour éliminer l’hexane dans les aliments transformés de cette manière, ils ne permettent pas l’absence de résidus. C’est ce que montre les tests réalisés à l’initiative de Greenpeace France.
L’hexane: un solvant toxique et explosif
Pour l’agence européenne des produits chimiques (l’ECHA), l’hexane est un produit à risque bien identifié. Sa toxicité est avérée en cas d’inhalation et en cas d’exposition chronique. Un risque de toxicité est également suspecté pour la reproduction et pour les organes en cas d’exposition répétée ou unique.
La même agence reconnaît l’hexane comme substance CMR (cancérigène, mutagène, reprotoxique). L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a confirmé ses effets neurotoxiques. Enfin l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) a pointé le risque de neuropathies périphériques liées à l’exposition professionnelle à l’hexane.
Enfin, l’hexane est hautement inflammable et explosif. La base ministérielle recensant les accidents industriels relève plusieurs centaines d’accidents grave, voire mortels, causés suite à l’utilisation d’hexane ces dernières décennies.
Ainsi, les personnes en contact régulier avec cette substance dans le cadre de leur métier sont particulièrement exposées. Il en va de même pour les animaux et les personnes exposés par leur alimentation quotidienne.

Une réglementation inadaptée
L’hexane est qualifié d’”auxiliaire technologique” par la réglementation européenne (directive 2009/32/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2009). Ainsi, il est autorisé pour la transformation alimentaire, mais l’information au consommateur par l’étiquetage n’est pas requise.
La norme actuellement en vigueur régulant la quantité de résidus d’hexane dans notre alimentation date de 1996. Sans réévaluation depuis lors, cette norme s’appuie sur une étude menée par les industriels du secteur. Une évaluation aujourd’hui remise en question par plusieurs autorités intergouvernementales.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments EFSA avait alerté en 2024 que l’absence d’informations ne permettait pas une évaluation complète du risque posé par l’exposition à l’hexane. Cette institution a jugé l’étude à l’origine de la norme à ce sujet comme inadéquate et insuffisante.

Une transformation douce pour une alimentation saine
Ce rapport illustre une réalité très préoccupante. Pour se prémunir de tels risques, il est tout à fait possible de se passer de procédés néfastes pour notre santé.
La qualité alimentaire se définit selon nous par des matières premières élaborées dans les meilleures conditions possibles, mais également par l’emploi de techniques de transformation qui détériorent le moins possible les matières premières.
Notre objectif est de conserver le maximum de vitalité dans les produits transformés Demeter – pour bien nourrir l’être humain.
Nos cahiers des charges encadrent la composition des produits, et définissent les procédés de transformation et les additifs autorisés.
Ainsi, nous interdisons de très nombreux procédés faisant appel à de fortes températures ou une forte pression.
Le recourt aux solvants chimiques n’est pas permis pour obtenir des huiles végétales. Seule la pression à froid est autorisée.
Pour un élevage Demeter, l’alimentation des animaux se doit d’être 100% biologique, et de qualité Demeter à hauteur de 70% minimum. Aussi, un minimum de 60% de cette alimentation doit être produite sur la ferme qui élève les animaux.
Les produits issus de la pétrochimie sont interdits pour la transformation d’aliments Demeter et certifiés Agriculture Biologique.

Pour un encadrement en faveur de notre santé
Demeter se positionne en faveur d’un étiquetage clair de tous les auxiliaires technologiques utilisés dans la transformation des produits alimentaires. Nous réclamons des mesures radicales pour respecter la santé humaine et animale, comme l’interdiction de l’usage de l’hexane.
Nous en profitons pour saluer le travail d’information réalisé par Greenpeace France. Ces révélations étayées avec rigueur permettent de mettre en lumière des failles dans la réglementation encadrant la production de notre alimentation.
